Joyeux Noël !
Je me souviens des Noël passés chez mes grands-parents.
Souvent il neigeait.
Dans la chaleur du salon, perdue dans mes pensées, je regardais par la fenêtre.
Le temps semblait suspendu. Le ciel était gris mais pas seulement, il semblait émaner de l’intérieur une lumière iridescente. Cette lumière à la fois opaque et scintillante si particulière qui annonce la neige. Lumière
Et le silence. Pas un bruit. Pas de bruit de voiture, de portes qui claquent, de gens qui parlent, d’enfants qui jouent, de cris d’oiseaux, de chiens qui aboient. Tout est recouvert d’un manteau de silence, comme si tout se figeait, les gens, les animaux, la nature… dans l’attente des premiers flocons de neige.
Je ressentais un truc bizarre en moi, comme si le monde, soudain, s’arrêtait de tourner et que j’étais là, debout à le regarder.
Le cœur me serrait un peu, je ressentais à la fois de la joie et de la mélancolie. J’attendais depuis si longtemps le jour de Noël et je savais qu’il allait passer si vite.
Tout à coup, les premiers flocons de neige tombaient et c’était une libération. Je reprenais mon souffle et le temps reprenait son cours. Le manège arrêté se remet en marche. L’immobilité et le silence laissent alors place à l’émerveillement et à la joie. Unité
Des milliers de points scintillants dégringolent du ciel et se transforment en paillettes qui soupoudrent le jardin avec délicatesse.
Je me demandais comment ça marchait, de quoi c’était fait. Est-ce qu’un géant au dessus de nous avait une machine à faire de la neige ?
Si la neige tenait au sol, je sortais vite pour faire des empreintes avec mes pas. Je ne sentais pas le froid humide et je tendais mon cou pour regarder haut dans le ciel les flocons tomber tout autour de moi. J’essayais d’en attraper et parfois j’avais la chance de voir leur forme si jolie et parfaite sur ma main. Joie
Dans le salon, mon grand-père mettait le disque de Tino Rossi, « Petit papa Noël ». J’adorais écouter cette chanson, encore et encore, je ne m’en lassais pas.
A l’époque, je pensais que ce devait être le père Noël lui même qui avait fait cette chanson, tant je la trouvais incroyablement belle. La voix douce et sincère de Tino Rossi m’enveloppait de tendresse. Douceur
L’esprit de Noël, c’était aussi le jour de l’année où tout le monde dans la famille s’entendait bien, pas de disputes ni de problèmes. Papi n’embêtait pas mamie, Ma tante n’embêtait pas mon oncle, mon oncle n’embêtait pas le chien… et ma mère me laissait tranquille.
Dans la cuisine, c’était l’effervescence. Ma grand-mère passait des heures à cuisiner, depuis le matin ou la veille. On aurait dit l’atelier d’une magicienne. Quelques jours avant Noël, on allait ensemble acheter un chapon dans une ferme. Il n’y avait que moi qui l’accompagnais et je le prenais pour un privilège. Amour
Mamie préparait une farce absolument délicieuse. Ca sentait bon la viande grillée et j’aimais bien me mettre le nez près du four pour sentir les bonnes odeurs et la chaleur. Je me souviens d’une fois où ma tante avait préparé en amuse bouche : des pruneaux enroulés dans une fine tranche de lard piquée avec un cure dent. On en avait mangé une bonne partie avant de les mettre dans le salon ! Gourmandise
Le repas de Noël était détendu et joyeux. Tout le monde parlait fort, moi je ne parlais pas beaucoup, mais je me régalais à observer les visages sereins et souriants. C’était le seul moment de l’année où je voyais toutes leurs dents. On mangeait de bon cœur le succulent repas préparé par mamie, accompagnés par la musique des coups de fourchettes dans les assiettes. Le chapon doré et croustillant trônait au milieu de la table et c’était ma grand-mère qui la coupait en morceaux avec une fourchette et un couteau géant, je trouvais ça rigolo. J’avoue que je ne sais plus ce qu’on mangeait avec, des frites ou des pommes sautées, mais c’était un régal !
Mon grand-père était souriant. Ma grand-mère était détendue et heureuse, elle riait et j’aimais la voir comme ça. Je gravais chaque année ces images dans ma mémoire et j’en ai encore. Les problèmes et rancunes personnelles étaient restés chez chacun. Trêve
Les heures passaient doucement et tranquillement. Je pensais à l’arrivée du Père Noël. J’étais à la fois heureuse et impressionnée. Je me demandais si j’allais l’entendre arriver et surtout s’il n’allait pas m’oublier. C’était sûrement un magicien pour envoyer autant de cadeaux en même temps, dans tous les endroits de la Terre. Magie
J’aurais aimé que chaque jour ressemble à Noël, tout en sachant que ce n’était pas possible…
Puis j’ai grandi et j’ai pris du recul…mais si au moins, on pouvait garder de cette lueur dans notre cœur, cette joie et le bonheur du partage entre nous tout au long de l’année, le cœur de chaque être serait plus léger !
L’esprit de Noël, c’est le Cœur qui parle
Avec tout mon amour, Catherine
Texte : Droits réservés – Autrice : Catherine Péron – décembre 2022
Photos : Pixabay