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Le cerf et le chasseur – Tableau 1 ( Fable métaphorique en trois tableaux)

Le cerf
et le chasseur

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Un jour dans la forêt, le cerf tomba nez à nez avec le chasseur
Le cerf le regarda droit dans les yeux et il lui dit :
– “Chasseur, pourquoi me pourchasses tu comme ça ? T’ai-je fais du mal ? Ai-je blessé sans le vouloir un membre de ta famille ?
Cela fait des générations et des générations que tu me chasses pour me tuer, alors que moi je vis en paix dans cette forêt !”
Le chasseur était surpris et embêté, le regard piteux, il baissa le fusil qu’il tenait à la main, qui était l’arme du père de son père, comme les lances et les flèches l’avaient été pour le tout premier de ses ancêtres.
Il chercha à comprendre pourquoi lui, si loin de tout cela, continuait à se comporter comme les autres hommes de la famille qui l’avaient précédé.
Oui, il savait qu’il était le descendant d’une famille qui poursuivait les cerfs pour les tuer. Il réfléchit pourquoi…avant, le père du père de ses ancêtres chassait pour manger, c’était leur mode de vie de chercher leur pitance dans la nature et les forêts.
Et puis ça a continué, alors que nos aïeux avaient suffisamment à manger et qu’ils s’étaient mis à élever des poules et des cochons.
Même au temps où son propre père a connu les premières supérettes pour faire ses courses, il allait chasser le dimanche.
Certains chasseurs fortunés trouvaient même ça joli de mettre les bois d’un cerf au dessus de leur cheminée…comme une sorte de preuve implacable de leur force face à l’animal…pas difficile d’être plus fort armé d’un fusil…c’était plutôt l’image de la mort d’une partie de leur âme.
Alors, pourquoi chassait-il ?
Il tenta de répondre au cerf.
– “Cerf, dit-il, tu es tellement beau avec ton corps agile et musclé, ton allure fière avec tes bois qui forment une couronne sur ta tête, on dirait que tu es le roi de la forêt !… et moi finalement  je me sens tout petit et je suis jaloux.
Tu as ta famille et ta tribu. Tu es libre, tu vis la vie qui t’es destinée. 
Je ne te chasse plus pour ramener de la viande à ma famille, on peut en acheter toute prête dans des magasins. En fait, je crois que je te chasse car je suis jaloux de la beauté et de la liberté que moi j’ai perdu.
Tu sais, moi qui était un enfant de la nature comme toi, j’ai perdu le lien qui me lie à la Terre nourricière, au profit des plaisirs illusoires et des facilités matérielles de la société de consommation.

Maintenant je ne dois plus partir des heures dans la forêt pour chercher de quoi manger pour ma famille, je crois avoir gagné en sécurité et en liberté mais c’est un leurre. Le temps que je passais à chasser je le passe enfermé dans un bureau 8h par jour.
On a dit à mon père qui était paysan d’aller travailler à l’usine, que c’était plus facile et qu’il gagnerait mieux sa vie.
On lui a menti.
Il a passé sa vie à trimer au moins 10h par jour pour payer toutes les factures de la famille et à la fin du mois il ne restait rien. Certes, on vivait modestement, mais on ne manquait de rien et surtout pas du superflu. L’amour de mes parents était mon bien le plus précieux. Le temps qu’on donnait aux autres était la marque des sentiments et de l’Amour.
J’ai finalement compris que lorsqu’on se déconnecte de sa nature profonde, on s’éloigne de son âme mais aussi de l’Amour qui est dans notre cœur. Je me crois plus fort car j’ai perdu de mon émotivité et de ma tendresse, mais en fait je suis affaibli du manque d’Amour pour moi, les autres et ce qui m’entoure !
On m’a dit de faire de grandes études pour avoir un bon métier et que ma vie serait plus facile et finalement ce n’est pas le cas. Mon père croyait que je serais plus heureux avec un travail qui me rapporterait plus d’argent que lui. En effet, je gagne plus d’argent que mon père, mais je travaille encore plus et j’ai la tête farcie de soucis et le dos courbé de responsabilités que je ramène chez moi. L’argent c’est bien quand ça sert à vivre plus confortablement, réaliser des projets et des rêves, faire du bien aux autres…et surtout l’argent c’est bien si ça nous rend heureux !
Mais en fait, plus j’ai d’argent et moins j’ai de temps pour en profiter.”
– “Alors pourquoi fais tu tout cela  si cela ne te rend pas heureux ? Demanda le cerf”
– ” Parce que je n’ai pas le choix ! On m’a mis à l’école où j’ai appris plein de choses, des noms, des chiffres des dates, des histoires…On m’a dit comment obéir et faire ce qu’il faut pour être un bon élève et un bon citoyen mais on ne m’a pas appris comment me sentir bien dans ma peau et me débrouiller dans la vie !
On ne m’a pas appris à dire non, on ne m’a pas appris à accepter mes failles et les erreurs que je faisais. On ne m’a pas appris à prendre confiance en moi, à être fier de moi, à être créatif et à faire les bons choix. Heureusement, j’ai connu des enseignants au cœur d’or qui aimaient leur métier, ce sont eux qui m’ont permis d’avancer et qui ont créé des déclics en moi.
J’ai fait des études pendant cinq ans pour me rendre compte que j’admirais davantage un plombier qui est capable de réparer un tuyau qui fuit. Moi, je ne sais rien faire de mes dix doigts.
Je ne fais que servir le système qui m’a bien formaté à le servir.
J’ai un métier, je ramène de l’argent et ma femme aussi, on a des enfants, mais au fond de moi je suis malheureux et aigri.
Je me sens entraîné dans un tourbillon où je perds mes repères et mes valeurs. Je cours pour rattraper le temps qui coule entre mes doigts.
Je ne sais plus qui je suis, j’ai perdu mon innocence.

Le contenu de cet article est issu de mon imagination, de mes connaissances et de mon expérience de vie, que je vous propre à titre indicatif et informatif, en cas de problème de santé veuillez consulter votre médecin